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Enjeux stratégiques, percées techniques et défis de sécurité : l’année 2025 marque un tournant pour l’intégration des technologies quantiques dans les télécommunications.
Le marché mondial de l’informatique quantique est en pleine accélération. D’ici la fin de l’année 2025, il devrait franchir le cap des 948 millions de dollars, porté par des avancées significatives sur le plan matériel et logiciel. Longtemps cantonnée aux laboratoires, la technologie quantique fait désormais irruption dans les enjeux industriels, notamment ceux des télécoms.
Cryptographie : une course contre la montre
Le principal levier – et urgence – réside dans la cryptographie post-quantique (PQC). Alors que des processeurs comme Willow, développé par Google, laissent entrevoir un potentiel de décryptage quantique à brève échéance, les opérateurs sont contraints de repenser de fond en comble leur architecture de cybersécurité.
Selon l’ANSSI, la PQC repose sur des algorithmes classiques capables de résister aux attaques des futurs ordinateurs quantiques. Leur adoption s’impose, notamment dans les secteurs critiques : données financières, infrastructures vitales, communication d’État. L’audit des systèmes existants et la migration vers les standards du NIST sont désormais incontournables pour assurer la résilience cryptographique.
Des cas d’usage qui deviennent concrets
La technologie ne se limite pas à la sécurité. Plusieurs démonstrateurs valident déjà des applications opérationnelles dans les télécommunications. Le réseau de communication quantique canadien Kirq, désormais en production, en est une illustration : basé sur la distribution quantique de clés (QKD), il assure un niveau de sécurité théoriquement inviolable grâce aux propriétés de l’intrication quantique.
Par ailleurs, l’informatique quantique ouvre la voie à des optimisations inédites des infrastructures réseau :
- Routage dynamique du trafic via des algorithmes quantiques de résolution combinatoire,
- Allocation optimisée du spectre radio dans les réseaux 5G et 6G,
- Gestion proactive des congestions grâce à la modélisation prédictive des flux.
Des défis d’intégration toujours majeurs
Malgré ces avancées, les défis techniques et organisationnels restent considérables. L’adoption à grande échelle dépend de la compatibilité entre systèmes classiques et quantiques, encore en chantier. En parallèle, les investissements dans des environnements cloud souverains s’intensifient pour accueillir ces technologies sensibles dans des conditions maîtrisées.
La montée en compétence est également un impératif. Selon Julien Camirand Lemyre, les premières machines quantiques pleinement fonctionnelles pourraient voir le jour à l’horizon 2030. Pour s’y préparer, les entreprises doivent dès aujourd’hui développer des expertises en physique quantique appliquée, PQC, systèmes hybrides et métrologie quantique.
Recommandations pour les acteurs des télécoms
Face à l’échéance 2025, plusieurs recommandations émergent :
- Réaliser un audit de sécurité quantique pour évaluer la robustesse des systèmes en place,
- Nouer des partenariats technologiques pour accéder aux innovations quantiques sans supporter seul la charge R&D,
- Assurer une veille réglementaire sur les normes émergentes (ANSSI, NIST, ETSI), à l’image de Thales, pionnier français de la PQC.
Une bascule progressive mais inévitable
La transition quantique ne se fera pas en un jour. Mais l’année 2025 s’annonce comme le point de bascule entre exploration théorique et applications industrielles concrètes dans les télécommunications. Pour rester compétitifs et garantir la sécurité de leurs infrastructures critiques, les opérateurs doivent dès à présent structurer leur feuille de route quantique.